Sur le consumérisme conscient, le lifestylisme : une lettre d’un lecteur

Sur le consumérisme conscient, le lifestylisme : une lettre d’un lecteur

Traduction française par l’Etoile Rouge
LLCO.org

“Chère Lumière Guidante, je suis curieux de connaître la vie quotidienne d’un communiste de la Lumière Guidante dans le Premier Monde,

Que pensez-vous du “consumérisme conscient” et du “commerce équitable” ? Est-ce que ce sont des conneries ?

Devrions-nous changer nos modes de vie ? Après tout, la malbouffe et les biens de consommation des entreprises, l’excès de plastique, etc. sont tous liés à la misère humaine.

La plupart des peuples du Premier Monde disposent d’un revenu qui les place dans la bourgeoisie mondiale. En outre, c’est sur nos revenus que l’État prélève ses impôts pour financer sa machine de guerre. Par conséquent, devrions-nous réduire nos revenus afin de diminuer le sang sur nos mains ? Réduire notre participation à l’exploitation ? D’affaiblir l’État impérial ?

Je vous remercie.”

Merci d’avoir écrit.

Le “consumérisme conscient”, le “commerce équitable”, etc. est une stratégie qui vise à mettre fin à l’exploitation en modifiant les habitudes d’achat des peuples du Premier Monde. L’idée est que si un nombre suffisant de personnes du Premier Monde boycottent les produits des entreprises, tout en achetant des produits fabriqués de manière plus équitable, un monde meilleur verra le jour. En d’autres termes, les peuples du Premier Monde devraient boycotter le café Folgers et acheter à la place du café “équitable” de Starbucks ou du café zapatiste dans l’espoir de réduire l’exploitation dans le monde. L’idée est que les habitants du Premier Monde deviennent des “consommateurs conscients”, choisissant d’acheter des produits qui ont été produits dans des environnements plus sûrs pour les travailleurs, des produits pour lesquels les travailleurs reçoivent un salaire plus élevé et plus juste, etc. L’idée est que les habitants du Premier Monde paient un peu plus pour des marchandises du Tiers Monde produites selon des méthodes qui impliquent moins d’exploitation.

Commençons par les problèmes les plus banals d’une telle stratégie. Il y a des problèmes d’application. Ce n’est pas parce qu’un produit prétend être “équitable” ou “écologique” qu’il l’est. Il n’y a aucune garantie que la somme supplémentaire payée par le consommateur parvienne effectivement au producteur. Plus important encore, nous devons reconnaître les limites du “consumérisme conscient” en tant que stratégie de changement révolutionnaire. Il est plutôt naïf de penser que nous pouvons mettre fin à l’impérialisme en réveillant simplement les peuples du Premier Monde. Il est dans leur intérêt de maintenir leur niveau de vie. Bien qu’il puisse y avoir des individus dans le Premier Monde qui sont des “consommateurs conscients” et qui s’engagent dans une réelle solidarité avec les peuples du Tiers Monde, pour la plupart, la “consommation consciente” n’est qu’une sorte de politique de bien-être qui détourne de la véritable révolution.

Le “consumérisme conscient”, le “lifestylisme”, etc. peuvent devenir un obstacle à la lutte réelle contre l’impérialisme. C’est un impérialisme sans impérialisme. Il donne aux peuples du Premier Monde une autre option de style de vie. Ils peuvent largement conserver leur mode de vie du Premier Monde, mais ils n’ont plus à se sentir coupables parce qu’ils achètent du café zapatiste. Le libéral du Premier Monde n’a plus à se préoccuper de sa propre conscience, mais il peut surtout se vanter au café d’être si soucieux de la Terre Mère depuis qu’il a acheté une Prius. Les peuples du Premier Monde devraient ressentir un certain sentiment de culpabilité pour l’énorme souffrance qu’ils infligent à la planète et à ses habitants en raison de leur niveau de vie, des bombes et des escadrons de la mort qui le maintiennent. Pourtant, ils peuvent maintenant avoir le beurre et l’argent du beurre. Ils peuvent mener leur style de vie impérial tout en apaisant leur propre conscience et en caressant leur propre égo en se disant qu’ils sont des “consommateurs conscients”. Ils peuvent participer à l’empire tout en se considérant comme des résistants.

On peut dire la même chose de l’importance excessive accordée au mode de vie par les activistes libéraux du Premier Monde. Se rendre pauvre peut soulager votre culpabilité d’être dans le “ventre de la bête”, mais ce n’est pas une bonne stratégie pour un réel changement. Avoir la possibilité de se rendre pauvre, de s’encanailler pendant 20 ans dans des maisons collectives, par exemple, est encore une autre option de style de vie que l’empire a fournie. La vraie pauvreté n’est pas quelque chose que l’on choisit, c’est quelque chose de forcé. Le “consumérisme conscient”, le “lifestylisme”, etc. sont très individualistes. La motivation qui sous-tend ces politiques n’est pas “comment changer le monde réel”, mais plutôt “comment me laver les mains de mes privilèges”. Le plus souvent, ce n’est pas un véritable souci des autres qui motive ces politiques, mais le désir d’être moralement propre. Ainsi, ces stratégies en sont venues à entraver le développement d’un véritable anti-impérialisme et d’une véritable solidarité, qui exigent bien plus que des libéraux changeant leur marque de café, leur type de voiture, les pronoms qu’ils utilisent ou leur façon de s’habiller. Ce qu’il faut, ce n’est rien de moins que le démantèlement du Premier Monde, la guerre mondiale des peuples, la création et la prise de pouvoir. L’attention excessive portée au mode de vie devient un moyen d’éviter l’activisme axé sur la révolution, la création d’une organisation capable de prendre le pouvoir. Pour vraiment faire la différence, il faut prendre la révolution au sérieux, mettre son égo de côté. Cela signifie construire l’organisation révolutionnaire capable de gagner. Pour ce faire, il faut accepter la discipline, accepter la direction, etc. Le véritable activisme révolutionnaire consiste à utiliser sa position privilégiée dans le Premier Monde pour générer des ressources pour la lutte pour le communisme. Friedrich Engels a utilisé sa position privilégiée pour financer et aider Karl Marx. Il a ainsi contribué à la percée qui a mené aux grandes révolutions du siècle dernier. Notre mouvement aurait-il été mieux servi s’il avait mis sa fortune à l’abri et s’était encanaillé dans la bohème de son époque ? Les révolutionnaires du Premier Monde peuvent faire davantage pour compenser l’impôt de guerre prélevé par l’État en faisant des dons réguliers au mouvement, à la Lumière Guidante. Les chrétiens et les musulmans versent une dîme à leurs causes. Les révolutionnaires doivent faire de même. La pensée et l’action révolutionnaires réelles sont cependant hors de portée de la plupart des individus du Premier Monde. Pour les habitants du Premier Monde, la clé est de se remettre en question. Il ne s’agit pas de vous personnellement. Il s’agit de libérer la planète et ses peuples, et non d’apaiser la culpabilité et de caresser l’ego. Organisez-vous, utilisez vos privilèges contre le système. Faites un sacrifice pour la cause, faites un don. Beaucoup d’entre nous y ont consacré des décennies de leur vie, des années de revenus. Il ne suffit pas de parler. Passez à l’action.

Être une Lumière Guidante, c’est être organisé pour une révolution totale sous la direction de l’organisation et de la science révolutionnaire la plus avancée. Cela étant, les Lumières Guidante doivent s’efforcer d’être en bonne santé. Ils doivent vivre de manière à aider le mouvement. Il est bon pour les camarades et les compagnons de route de faire de nous des exemples à suivre. En d’autres termes, dans notre vie personnelle, nous devrions essayer de refléter l’avenir que nous essayons de créer sans devenir des tyrans suffisants. Nous devrions montrer aux gens comment vivre, et non leur faire la leçon. Nous devons également être conscients des communautés dans lesquelles nous opérons. Nous ne devons pas être si rigides dans nos choix de vie personnels que nous devenons inefficaces au sein de nos communautés. Nous devrions fonctionner avec une sorte de “ligne de masse du style de vie” qui ne suit pas les masses ni ne les devance trop. Nous devons être humbles, serviables, aimables et respectueux des gens et de la Terre. Nous devrions essayer d’être égalitaires et altruistes dans nos interactions quotidiennes. En même temps que nous servons les gens, nous devons aussi diriger. Nous ne devons pas avoir peur de diriger, d’éduquer, de nous opposer aux grandes gueules et aux démolisseurs, etc. Nous ne devons pas avoir peur d’agir contre les contre-révolutionnaires lorsque cela est nécessaire.

Organisation. Discipline. Loyauté. Leadership. Sacrifice. Nous devons faire vivre ces mots si nous voulons vraiment gagner. Salut rouge ! Longue vie à la Lumière Guidante !

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